lundi 20 juin 2016

Challenge AZ : Q comme Qui est le parrain PREMEL ?

J’ai toujours connu la tombe familiale de Concarneau (29). Quand j’étais petite fille, je suivais ma grand-mère quand elle déposait des fleurs sur la tombe de sa mère, son beau-père et ses grands-parents maternels.

Tombe familiale à Concarneau (29)


Mais je me suis toujours demandée qui était François PREMEL dont le nom est gravé sur l’une des plaques de la tombe ?

Une des plaques de la tombe familiale à Concarneau (29)


Ma grand-mère m’a raconté que François PREMEL était le parrain de Marie DELARUE, la première femme d’Henri MASSON (le beau-père de ma grand-mère), et qu'il habitait avec ce dernier et sa nouvelle femme, mon arrière-grand-mère Victoria, mais sans plus d’information à son sujet.

Et comme désormais, c’est moi qui rends visite à ma grand-mère qui est enterrée au même endroit à chaque fois que je viens en Bretagne, j’ai décidé d’en savoir plus sur ce François PREMEL.

Grâce à la plaque du cimetière, on sait que François PREMEL est décédé le 6 novembre 1935 à 85 ans, et comme il habitait à Concarneau avec mon arrière-grand-mère Victoria et son mari Henri MASSON, je suis allée chercher l’acte de décès de François PREMEL à la mairie de Concarneau.

Acte de Décès de François PREMEL du 6 novembre 1935
Source : Mairie de Concarneau (29)


Le six novembre mil neuf cent trente-cingt, à vingt heures
trente minutes, François PREMEL, instituteur en retraite,
né à Plounéour-Trez (Finistère), le dix-sept octobre mil huit
cent cinquante, fils de François PREMEL et de Marie
Yvonne BERTHOULBUR, époux décédés ; veuf de Marie
Delarue,
est décédé en son domicile, rue des Sables Blancs,
dressé le septe novembre mil neuf cent trente-cinq, à neuf heures
____ minutes sur la déclaration de Henri MASSON, quarante-huit ans,
agent administratif de l'Inscription maritime, domicilié à Concarneau
après lecture faite, Nous, Pierre GUEGUN
Maire et Officier de l'Etat civil de Concarneau, avons signé avec
le déclarant.

J’y apprends donc qu’il est né à Plounéour-Trez (29), village situé à 40km au nord de Brest, le 17 octobre 1850, qu’il a été instituteur et marié à une certaine Marie DELARUE.

Rappelez-vous, ma grand-mère me disait qu’il était le parrain de Marie DELARUE, la première épouse d’Henri MASSON. Marie DELARUE / femme de François PREMEL était-elle la tante de Marie DELARUE / femme d’Henri MASSON ?

Après avoir attendu presque deux ans que le registre revienne d’une opération de nettoyage en vue de sa numérisation aux AD 29, j’ai enfin eu accès lors des dernières vacances de Pâques au registre des naissances de Plounéour-Trez.

Acte de Naissance de François PREMEL, né le 17 octobre 1850
A Plounéour-Trez
Source : AD 29 - 3 E 243/15

L'an mil huit cent cinquante le dix sept du mois d'octobre
à quatre heures du soir devant nous Allain Falhuin Maire
Officier de l'état civil de la commune de Plounéour-Trez, canton de
Lesneven, arrondissement de Brest, département du Finistère,
sont comparus François PREMEL, cultivateur âgé de quarante-
cinq ans, domicilié à Plounéour-Trez, lequel nous a présenté
un enfant du sexe masculin né le dit jour à dix heures du
matin à Pennoucréac'h, de lui déclarant et de Marie Yvonne
BERTHOULOUX son épouse et auquel il a déclaré vouloir donner
le prénom de François. Les dites déclaration et présentation
faites en présence d'Yves PREMEL, cultivateur, âgé de quarante trois
ans, domicilié à Plounéour-Trez, oncle paternel de l’enfant et
de Jacques BERTHOULOUX, cultivateur, âgé de soixante six ans
domicilié audit Plounéour-Trez, aïeul maternel de l'enfant,
et ont le père et les témoins déclaré ne savoir signer avec nous
le présent acte de naissance après que lecture leur en a
été faite.

Je n’y apprends pas grand-chose de plus mis à part que ses parents et grands-parents sont des cultivateurs de Plounéour-Trez.

Grâce à l’acte de décès de François PREMEL, on sait qu’il a été instituteur.
Je suis donc partie à la recherche de son dossier d’instituteur en série 1 T aux AD 29 où un dossier de 70 pages m’a donné plusieurs informations sur l’homme qu’il a été ainsi que sur son parcours professionnel.

Extrait du dossier d’instituteur de François PREMEL
Source : AD 29 – 1 T 579

18/03/1879 : brevet élémentaire
Les dates sont celles de l’affectation au service.
1/10/1872 : Instituteur adjoint à Brest (29), pupilles de la Marine (3 ans)
1/09/1875 :  Instituteur adjoint à Brest (29) (1 an)
26/09/1876 :  Instituteur adjoint à Questembert (56) (2 ans et 3 mois)
26/12/1878 :  Instituteur adjoint à Muzillac (56) (3 mois)
30/03/1879 :  Instituteur adjoint à Guidel (56) (6 mois)
20/09/1879 :  Instituteur adjoint à Hennebont (56) (3 mois)
25/01/1882 : Instituteur provisoire à Crozon (29) (Le Fret)
6/03/1882 : Instituteur adjoint à Crozon (29)
2/06/1882 : Instituteur titulaire à Crozon (29) (Saint Laurent) (8 mois)
20/04/1883 : Instituteur titulaire à Crozon (29) (Le Fret) (2 ans 4 mois)
27/08/1885 : Instituteur titulaire à Plougastel (Sainte Christine) (24 ans)
Retraité le 1er octobre 1910

Grâce aux bulletins d’inspection, on sait qu’il s’est marié entre le 22 juillet 1882 et le 26 juillet 1890 alors qu’il était en poste à Crozon (29) et Plougastel (29).

On sait aussi que sa femme et lui ont recueilli une orpheline au moins entre 1897 et 1908.

Extrait du dossier d’instituteur de François PREMEL
Source : AD 29 – 1 T 579
Image 43 rognée


Au fur et à mesure des bulletins d’inspection, on prend conscience qu’il y a de moins en moins d’élèves au sein de l’école Sainte Christine de Plougastel.
Nous sommes dans les années 1900 et ce sont les débuts de l’école laïque. L’instituteur François PREMEL se défend auprès de l’inspecteur d’académie que c’est parce que le curé ne fait plus le catéchisme au sein du village que l’école est désertée par les élèves.
Est-ce pour cette raison ou parce que le maître n’est pas très rigoureux dans la tenue des registres que celui-ci reçoit un blâme en 1897 ?

Il écrit la lettre ci-dessous à l’inspecteur d’académie en date du 28 mai 1897.


Lettre de François PREMEL à l’inspecteur d’académie en date du 28/05/1897
Cliquez ICI pour accéder au document
Extrait de son dossier d’instituteur


Sainte Christine, le 28 mai 1897

Monsieur l’Inspecteur d’Académie,

J’ai l’honneur de vous accuser récep-
tion de la lettre de blâme que vous
m’adressez.
Si Monsieur l’Inspecteur primaire
peut forcer le curé de Plougastel à
venir faire le catéchisme dans la
chapelle de Ste Christine comme
cela se pratiquait avant que les
frères ne vinssent à Plougastel,
alors nous aurons encore des élèves.
Dans le cas contraire, malgré
tous nos efforts nous ne pourrons
réussir à satisfaire l’administration.
La lutte est très grande à Plougastel,
et ici nous avons tout contre nous : le
Maire, les conseillers (même un des
délégués cantonaux qui se montre

(Page2)
trop du parlé des prêtres et ne fait
rien pour soutenir les instituteurs
laïques).
J’avais des élèves avant que nous
ayons une concurrence aussi acharnée
et cependant je n’étais pas meilleur
maître alors qu’actuellement. J’ai
22 ans 7 mois de service et je me suis
toujours montré bon serviteur fai-
sant mon devoir. Voilà 12 ans que
J’habite ce hameau et je ne crois pas
que personne puisse rien dire sur
mon compte. Je le répète encore,
que le curé vienne faire le catéchis-
me à Ste Christine et l’école marche-
ra comme par le passé.
Quant à Mme Premel, elle n’est
pas rétablie mais irrévocablement
perdue. Elle aussi, peut-être, dira-
t-on, n’a rien fait pour s’attirer
des élèves. Cependant, y a-t-il une
institutrice  qui se soit montrée
plus dévouée que ma pauvre femme,

(Page 3)
En soignant, non seulement les mala-
des du village mais ceux des environs,
et tout cela pour relever l’école des
filles qu’on lui a donnée qui ne
comptait alors que 4 élèves. Elle a
tout sacrifié, sa bourse, sa santé et
sa vie même. De plus nos locaux
sont dans un état affreux : l’eau
tombe chez nous de tous les côtés.
Voilà 9 mois que demande des
réparations à nos maisons.
Lorsque Mme Premel a été si gra-
vement malade, j’ai demandé
une suppléante : on me l’a refusée.
Les jeunes filles ne voulant pas
fréquenter l’école des garçons,
Mme Prémel, craignant qu’elles ne
quittent son école pour aller chez
les sœurs ou ailleurs a repris son
service, quoique tenant à peine
debout et c’est à cette époque que
Monsieur l’Inspecteur est venu
chez nous. Son courage lui a coûté

(Page4)
cher puisque 8 jours après, elle a-
vait une rechute. Aujourd’hui elle
fait sa classe, mais ce n’est qu’à  l’ai-
de d’un traitement coûteux et doulou-
reux. Aussi à la réception de votre
lettre, la pauvre malheureuse a écla-
té en sanglots. Quoi, me disait-elle,
moi qui ai tant fait et n’ai que
peu de temps à vivre, je reçois un blâ-
me pour récompense de tout le mal
que je me suis donné.
Recevez, Monsieur l’Inspec-
teur d’Académie, l’assurance
de mes sentiments les plus respec-
tueux.

L’instituteur de Ste Christine
F. Premel

Retrouvez la généalogie de François PREMEL sur mon arbre en ligne sur Geneanet en cliquant ICI.


FIN.


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