Challenge AZ 2016 : I comme Institutrice

Quand j’étais petite fille, ma grand-mère me racontait des histoires sur des personnes d’un autre temps, où elle-même était petite fille. Malheureusement, elle avait beau raconter parfois les mêmes histoires, il est souvent difficile de s’en remémorer les détails.

Alors, c’est d’autant plus touchant de trouver aujourd’hui des informations sur ces personnages de mon enfance.

Je me souviens que ma grand-mère me parlait d’une « Tante Elvina ».

Est-ce son prénom jamais rencontré auparavant qui m’a conduit à retenir son nom ?

Je crois me souvenir que la famille de ma grand-mère qui habitait Quimper et « Tante Elvina » qui habitait Quimperlé, était très proches notamment au moment de la guerre pendant laquelle ils échangeaient des victuailles.

« Tante Elvina » était la cousine germaine de mon AAGP YVONNO.

Quand j’ai montré mes recherches à ma grand-mère sur les enfants de Jean Marie CHAUVEL et Marie Renée LE LIGEOUR, elle m’avait dit que « Tante Elvina » était la fille du dernier enfant du couple, Célestin.

Famille proche de Jean Marie CHAUVEL

Source : Heridis

Elle avait même réussi à retrouver une vieille carte postale dans ses affaires de la famille CHAUVEL.

Ci-dessous Célestin CHAUVEL au centre avec la barbe blanche, devant lui, son épouse Julia Joséphine DUIGOU ; à gauche leur fille Elvina et à droite le mari d’Elvina Joseph TEXIER.

Carte postale de la famille CHAUVEL vers 1910

Source : Archives familiales

Ma grand-mère m’avait appris que « Tante Elvina » était institutrice à Quimperlé (29).

Un renseignement précieux pour retrouver des informations sur son parcours !

Lors de l’une de mes expéditions aux Archives Départementales du Finistère (AD29), alors que je faisais des recherches sur la carrière d’institutrice de mon arrière-grand-mère Victoria que je vous ai présentée ici, j’en ai profité pour faire en même temps une recherche sur la « Tante Elvina ».

Et c’est à son nom d’épouse TEXIER, et non à son nom de jeune fille CHAUVEL que j’ai retrouvé son dossier en série 1 T (comme quoi, il faut toujours essayer les deux !).

Un dossier de 80 pages sur la vie professionnelle de cette lointaine cousine !

Quelle mine de renseignements !

La 1ere page est forcément l’une des plus intéressantes car elle nous donne les éléments sur l’identité et les études suivies :

Extrait du dossier d’institutrice d’Elvina TEXIER née CHAUVEL

Source : AD29 – 1 T 698

On y apprend qu’Elvina CHAUVEL est née le 20 septembre 1870 à Quimperlé (29).

Elle a passé son brevet élémentaire à Quimper (29) en octobre 1887,

Son brevet supérieur à Quimper (29) en juillet 1891 et son certificat d'aptitude pédagogique en 1895.

Elle a ensuite été élève maîtresse à l'école normale de Quimper (29).

La suite retrace son parcours professionnel avec l’indication des différents postes occupés :

Extrait du dossier d’institutrice d’Elvina TEXIER née CHAUVEL

Source : AD29 – 1 T 698

Les dates sont celles de nomination.

28/01/1892 : Institutrice stagiaire à Trégunc (29)

10/03/1892 : Institutrice stagiaire à Châteauneuf-du-Faou (29)

1/05/1892 : Institutrice stagiaire à Trégunc (29)

25/05/1894 : Institutrice stagiaire à Concarneau (29)

31/08/1895 : Institutrice stagiaire à Quimperlé (29)

29/08/1898 : Institutrice publique à Clohars Carnoët (29)

30/10/1900 : Institutrice publique à Quimperlé (29)

9/09/1902 : Institutrice publique à Moëlan (29)

1/11/1909 : Directrice à Châteaulin (29)

1/10/1910 : Directrice à Bannalec (29)

16/09/1912 : Titulaire adjointe à Quimperlé (29)

Congé sans traitement les 18,19, et 20 février 1915, du 28 janvier au 19 février 1916

Admise à la retraite le 1er avril 1925

A l’intérieur, on trouve à la page des traitements (salaires) qu’elle a eu un enfant qui est a priori décédé en bas âge puisque la mention « vivants » est barrée.

  

La majorité des documents sont des bulletins d’inspection comme celui du 11 janvier 1924 lorsqu’Elvina est institutrice à l’école de filles de Quimperlé où elle est en charge de 49 filles de la 5^e classe.

« Bonne institutrice qui a de l’autorité et du savoir faire et qui

entretient dans sa classe une activité féconde. Son enseignement est méthodique

et précis, mais on le voudrait plus souple et mieux ordonné dans le

détail, comme on voudrait dans sa parole moins de vivacité et de

sécheresse ».

En juin 1912, alors que cela fait 20 ans qu’elle est institutrice à Trégunc, Châteauneuf-du-Faou , Concarneau, Clohars Carnoët, Moëlan, Chateaulin et Bannalec où elle est actuellement en poste, elle fait une demande à l’inspecteur d’académie pour un éventuel poste vacant à Quimperlé où ses vieux parents habitent avec son fils unique puisque son mari est souvent absent du fait de son métier de marin.

 Documents page 27

Demande de Changement

Commune de Bannalec

Vœux exprimé : Si le poste de directrice à l’école

primaire de Quimperlé devenait vacant, je

vous serais bien reconnaissante, monsieur l’ins-

pecteur d’académie de vouloir bien me l’accorder.

Je suis mariée à un marin qui vit

constamment loin de la maison. Je n’ai qu’un

fils qui est à l’école primaire supérieure de

Quimperlé. Je suis l’unique enfant de parents très

vieux qui habitent également Quimperlé.

Ma santé n’est pas très bonne. J’ai la voix très

Fatiguée. Le poste de Quimperlé ne rapporte pas

plus que celui de Bannalec mais c’est un poste

de repos. Je jouirais de la vie de famille dont

je suis privée depuis longtemps.

Fait à Bannalec le 25 janvier 1912

Entre deux bulletins d’inspection, on trouve une lettre d’Elvina à l’inspecteur lui annonçant le décès de son enfant et lui demandant de faire le nécessaire pour l’arrêt de l’allocation charge de famille qui lui était versée.

On apprend ainsi qu’elle avait un fils : Jean JOSEPH Achille TEXIER, né le 15 avril 1921 et décédé le 30 mars 1922.

Grâce à plusieurs documents de ce dossier, on comprend qu’Elvina a vécu la laïcisation des écoles aux débuts des années 1900.

On peut en lire certaines références dans différents courriers à l’inspecteur d’académie.

Le 23 septembre 1906, dans une de ces lettres, alors qu'elle est directrice de l'école de Moëlan, elle explique que "l'école [qu'elle] dirige était il y a quatre ans tenue par les sœurs". (image 56)

En juin 1909, elle revient sur cette période dans une autre lettre de demande de changement de poste : "En 1902 (...), j'acceptai la laïcisation de l'école de Moëlan. Les débuts ont été très durs, mais mes efforts ont été récompensés. L'école laïque est en pleine prospérité." (image 37)

Comme vous pouvez le voir, ces dossiers d’instituteurs peuvent être très riches ! Mais attention, tous ne sont pas aussi bien fournis ; parfois, ils ne contiennent que quelques feuillets qui ne nous donnent malheureusement pas beaucoup d’indication sur la vie de nos ancêtres.

Retrouvez la généalogie d’Elvina CHAUVEL sur mon arbre en ligne sur Geneanet en cliquant ICI.

FIN.