Albert TAJASQUE, le père
de ma grand-mère Yvette, dont je vous ai déjà parlé ici
lorsque je vous ai expliqué son métier de chef de cabinet, a travaillé dans ses
jeunes années pour le gouvernement français en Indochine.
Albert
TAJASQUE en 1914
Source :
Archives familiales
Pour rappel, l’Indochine
française est une fédération qui réunit cinq pays : le Tonkin, l’Annam, la
Cochinchine, le Cambodge et le Laos.
Comme le montre son
registre matricule, Albert, qui est né en 1877 à Toulon (83), passe dans la disponibilité
de l’Armée active le 21 septembre 1901 après avoir été incorporé pendant trois
ans au 111e Régiment d’infanterie.
Dès le 30 septembre
1901, il est noté que son domicile se trouve à Saïgon en Indo-Chine.
Registre
Matricule d’Albert TAJASQUE
Classe
1897 à Toulon (83) n°751
Source :
AD
83 – 1 R 809 page 198-199-200
Et l’Annuaire général de
l'Indo-Chine française de 1911 (partie administrative) indique qu’Albert a
intégré l’administration d’Indochine le 30 novembre 1901.
Annuaire
général de l'Indo-Chine française de 1911
Source :
Gallica
– page 106
On sait grâce à son
registre matricule que le 1er juin 1903 : il est « commis
de résidence à Stung-treng (Laos) ».
Mais qu’est-ce qu’un
commis de résidence ?
Dans Voyage
au Tonkin, M. RICHAUD, gouverneur général de l’Indochine écrit en 1888 :
« Donner aux Résidents les moyens d’exercer
d’une manière efficace leur contrôle, fournir, à la population indigène les moyens
de développer son bien-être, à la population européenne les moyens de créer des
industries nouvelles et de développer son commerce, procurer à tous la
sécurité nécessaire à leurs travaux pour mettre en œuvre toutes le richesses
naturelles de ce pays, tel doit être le triple but que nous devons poursuivre.
Je
reconnais qu’un Résident unique par province ne peut suffire à tout, et j’ai
décidé qu’au fur et à mesure que les ressources dont nous disposons le
permettront un fonctionnaire européen
placé sous les ordres du Résident de la province sera placé dans chaque phu. Ce
fonctionnaire, du grade de chancelier ou de commis de
résidence, suivant l’importance des phus, aura auprès de lui un
interprète. Il sera le délégué du Résident auprès des autorités annamites du
phu et sera chargé spécialement de faire faire la police de son arrondissement,
de faciliter et de surveiller la rentrée des impôts. Le Résident de la province
pourra lui confier toute autre partie de ses attributions.
Le
rôle de ces auxiliaires doit être d’une grande utilité dans l’œuvre de
pacification, car ils seront en quelque sorte, pour les Résidents placés à la
tête des provinces, des sentinelles avancées qui leur feront connaître l’esprit
des populations et leur signaleront leurs besoins. »
(page 1 et 2)
Albert restera en
Indochine longtemps puisque son registre matricule nous indique qu’il est
« employé de l’administration des colonies (services civils du Laos) du 11
février 1905 au 22 mai 1909.
On peut suivre sa
carrière en Indochine puis ensuite en France à travers les Ministère à travers
les Bulletins Officiels de l’Indo-Chine
française parus entre 1903 et 1913.
On voit ainsi qu’Albert est
commis de 3e classe en septembre 1903 et au tableau d’avancement
pour être commis de 2e classe.
Source :
Gallica - page 864
En 1906, il est commis
de 2e classe et au tableau d’avancement pour être commis de 1ère
classe.
Source :
Gallica - page 189
Et au 1er
juillet 1907, il est nommé commis de 1ère classe.
Source :
Gallica - page 653
Mon arrière-grand-père
sera très marqué par sa période indochinoise.
Il en retira un foie
fragile dû à la nourriture qui sera la raison de ses nombreux voyages à Vichy
et de ce fait de la rencontre avec mon arrière-grand-mère Thérèse Van WIND (voir B
comme Belgique).
Il rapportera de
nombreux objets qui ont peuplé son appartement devenu celui de mes
grands-parents à son décès et qui aujourd’hui ont été en partie transmis à
petits-enfants et ses arrière-petits-enfants.
En témoignent ces pots
indochinois qui sont désormais dans mon salon.
Pots
indochinois
Source :
collection personnelle
J'ai retrouvé quelques
photos d'Indochine qu'il a annotées au dos.
Pirogue
armée en baleinière (à l'intérieur de la province de Strung-treng)
Le
marié, chef d'un village laotien appartenant au Siam et la mariée,
fille d'un
notable de Stung-treng
Albert
TAJASQUE
Albert
TAJASQUE est à droite. L'inspecteur, sa femme et une autre femme européenne.
Mêmes
personnages européens plus un interprète.
Albert TAJASQUE est à gauche et tient
dans ses bras un chat.
Il prendra aussi une série de photos datant de 1903.
Les commentaires sont ceux d’Albert qu’il a soigneusement notés sur
un document qui aujourd’hui a plus de cent ans !
Source :
Archives familiales
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sur le titre pour accéder au document entier en ligne
1
- Habitation du
Commissaire du gouvernement
2
- Habitation de
l'Inspecteur de la garde indigène
4
- Habitation du "Chan
Mnong" (chef du village)
5 - Le "Chan Mnong" et les autorités indigènes
(à l'arrière plan se trouvent les bureaux du Commissariat)
6
- Une pagode (culte de
Boudha)
7 - Autre pagode
8
- Le grand prêtre ou chef
des bonzes
9 - Les bonzes (prêtres du culte de Boudha)
10 - Funérailles de l'ancien Chan-Mnong de Stung-treng
Le mort, placé sous un catafalque, est resté exposé pendant 1 an et 1 jour.
En avant du catafalque se trouvent la femme et les filles du défunt,
en grand deuil c.a.d. la tête rasée et vêtue de blanc.
11 - Funérailles de l'ancien Chan-Mnong de Stung-treng (suite)
En route pour la crémation
12
- Funérailles de l'ancien
Chan-Mnong de Stung-treng (suite)
Sur le bûcher
13 - Funérailles de l'ancien Chan-Mnong de Stung-treng (suite)
Les bonzes bénissent le corps
14 - Funérailles de l'ancien Chan-Mnong de Stung-treng (suite)
La colonie européenne met le feu au bûcher. (Je suis placé à droite de Mme
Sargues)
15 - Funérailles de l'ancien Chan-Mnong de Stung-treng (suite)
Embrasement du corps
16
- Convoi d'éléphants
17
- Un éléphant transportant
un haut fonctionnaire
18
- Même épreuve que la
précédente : avec beaucoup d'attention, on peut arriver à distinguer les traits
du "haut fonctionnaire", personnage connu.
(le "haut fonctionnaire" est en fait Albert !)
19 - La garde indigène de Stung-treng sur le terrain de manœuvres
20
- La garde indigène de
Stung-treng sur le terrain de manœuvres
21 - La garde indigène de Stung-treng sur le terrain de manœuvres
22 - La garde indigène de Stung-treng sur le terrain de manœuvres
23 - Les bonzes se rendant en
cortège à une cérémonie religieuse
24 - Les bonzes se rendant en
cortège à une cérémonie religieuse
25 - Un monument funéraire
26 - Femmes laotiennes décortiquant du riz
27 - Groupe de Laotiennes. Les "professionnal beauty" de
Stung-treng
28 - Séance de vaccination
29 - Pirogue remontant, à l'aide de la perche, la rivière de Stung-treng
30 - Guerriers Khas
(les Khas sont des peuples sauvages habitant l'intérieur de la province)
31 - Un malfaiteur Kha capturé et mis à la cangue
32 - Une rue de Stung-treng
33 - Ruines
34 - Un pont à l'intérieur du village
A
demain pour le J…
très très intéressant, je n'aurais jamais espéré un jour voir toutes ces photos et connaître un peu la vie de l'arrière grand-père de mes enfants. Merci mille fois Marine, c'est super.
RépondreSupprimertantine
Quel bel album de photos ! Le texte est bien aussi.
RépondreSupprimerTu disposes là d'un trésor, qui plus est avec les commentaires de chaque photo, ce qui n'est hélas pas toujours le cas !
RépondreSupprimerC'est formidable ! Un véritable reportage ! Les photos sont incroyables ! Mon arrière-grand-père avait fait son service durant la conquête du Tonkin vers 1885, mais je n'ai aucun document ou photo de son séjour sur place. Les photos que tu partages font résonance avec son histoire ! C'est passionnant. Merci Marine!
RépondreSupprimerMa grand-mère a su garder tous ces trésors et j'espère le faire aussi bien qu'elle pour passer tous ces documents à la génération suivante ! Mais je trouve que l'histoire de sa famille est faite pour être partagée et je suis contente de sortir tout cela de l'oubli afin que les membres de ma famille puissent connaître un peu leurs aïeux ! Merci à tous pour vos encouragements !
RépondreSupprimerJe t'ai déjà dit que je suis jalouse de tous tes trésors ? Tu sais très bien les mettre en valeur, bravo !
RépondreSupprimerBon, c'est clair et net maintenant. Je suis officiellement jaloux de tes archives. Je n'ose à peine lire les articles suivants.
RépondreSupprimerEn tout cas ravi que tu nous fasses partager un si beau trésor.
Chère Marine,
RépondreSupprimervotre site est très intéressant, surtout pour moi qui ait étudié l'histoire du Cambodge. Avec deux de mes collègues, nous publions un livre sur le crime et la violence au Cambodge (http://www.cambridge.org/au/academic/subjects/history/south-east-asian-history/violence-and-civilising-process-cambodia?format=HB) Ce livre est le fruit de plusieurs années de recherche au Cambodge et dans les archives coloniales françaises. Dans ce livre nous aimerions reproduire une des photos présentées sur cette page, la numero 20 de la Garde Indigene en manoeuvres a Stung Treng. Est-ce que vous acceptez que l'on utilise cette photo, accompagnée bien sur de sa source et des détails que vous jugerez appropriés. Merci d'avance! Mon adresse mail est: brigitte.bouhours@anu.edu.au.
Amicalement, Brigitte
Des archives inestimables pour mon pays natal où j'ai dû quitté en septembre 1974 pour mes études universitaire en France, juste avant le Genocide cambodgien.
RépondreSupprimerJ'ai tout perdu de l'ancien Cambodge de mon enfance: parents, frère, sœur, archives familiales ainsi que photos dont mon père en avait capté durant les années 1950-1970.
Vos archives me donnent l'espoir de retrouver les traces de la mère patrie et partager ces images témoins d'un peuple ayant succombé par la folie humaine.
Je fais parti d'une petite équipe qui a fondé le Centre Khemara, un centre d'histoire et civilisation khmères à Montréal (CANADA)
www.khemara.org et nous cherchons évidemment des archives sur tout support et surtout des témoignages orales et écrites telles que vous avez décrites dans votre blog.
Vous pouvez me contacter par e-mail de l'association info@khemara.org
Bravo et Merci
Inestimable témoignage de la vie sous le protectorat français au Cambodge . Merci de nous le faire partager .Félicitations .
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