Alors que certains
généabloggeurs sont, après plusieurs semaines de travail intense, sur le point
de publier leur Challenge AZ,
je m’apprête à découvrir leur travail, leurs histoires et leurs retours d’expérience.
Cette année, point de
Challenge AZ pour moi comme en 2014,
2015
ou 2016
car j’ai mis mes recherches entre parenthèses pendant plusieurs mois pour cause
de maternité. Je me ferai donc une joie de découvrir chaque jour au mois de
juin les articles de tous mes amis bloggers.
Je souhaite cependant
continuer à publier mes recherches et aujourd’hui, je voudrai vous présenter un
document qui m’est cher car c’est la lettre dans laquelle Geneviève DE JOLY, mon
arrière-arrière-grand-mère, exprime ses dernières volontés à ses enfants.
Dernières
volontés de Geneviève DE JOLY épouse JACQMIN
Mes fils et mes filles bien aimés,
Le Bon Dieu a exaucé la prière que je lui
avais souvent faite de ne pas
me reprendre la première ; je n’ai donc plus à vous recommander votre
cher Père, tant au point de vue du corps
qu’au point de vue de l’âme.
Mais, comme c’est un devoir pour nous de
faire prier pour les nôtres
qui ne sont plus, je vous préviens que je
me suis arrangée pour faire
deux fondations de Messes : 1° une de
24 messes par an pour votre père
et pour moi- 2° une de 12 messes par an
pour mon Beau-père et pour ma Belle-mère, vos grands-parents.
Cela ne vous empêchera pas de nous faire
dire des Messes si vous le
voulez. On n’a jamais trop de prières.
La fondation demandée par votre Bon papa de
JOLY a été faite selon
son désir.
La seule chose que je vous demande sous le
rapport des prières c’est :
aussitôt après ma mort d’écrire à Monsieur le Directeur de l’Archiconfrérie
de Notre-Dame du Sacré-Cœur à Issoudun
(Indre) pour lui annoncer mon
décès et lui envoyer la somme de 400 Frs ou
plus si le prix est augmenté
pour qu’un Trentin Grégorien de Messes
soit célébré de suite pour mon âme.
On ne peut plus le faire à la Trinité comme
je l’avais fait pour votre père.
Il me reste à vous recommander mes enfants
chéris de vous aimer tendrement
tous les quatre : qu’aucun partage ne vienne troubler votre
affection.
Tâchez que vos enfants ne nous oublient
pas. Rappelez-vous que votre Maman
vous a tous aimés de tout son cœur,
qu’elle vous a toujours confiés au
Sacré Cœur de Jésus qui vous a si bien gardés
pendant l’affreuse guerre :
qu’elle a confiance que votre vie a tous
sera telle que nous nous retrou-
verons tous dans la pleine joie du
Ciel !
Je demande pardon à tous ceux auxquels j’ai
pu faire quelques peines ou
quelques torts.
Je désire n’avoir ni fleurs, ni couronnes à
mon enterrement. Demandez
des prières. Je veux être ensevelie avec
mon chapelet, mon scapulaire** et
ma corde du Tiers Ordre et sur ma poitrine
mon crucifix du Tiers Ordre.
Je vous demande de prévenir de ma mort
toutes les Confréries et Œuvres
dont je fais partie (et dont les images
sont dans le petit meuble de ma
chambre. Madeleine pourra vous aider pour
cela car elle sait ce dont je
fais partie.
Vous vous partagerez fraternellement ce qui
vient de moi. Vous donnerez
un souvenir à ceux que j’aime
particulièrement, par exemple Elisabeth
GALLAND qui est une vraie sœur pour
moi ; ma fille Thérèse de DARASSUS,
Mme LAVERNE que j’aime profondément, la
bonne amie BOUTET. Je vous laisse
libres de choisir l’objet ; vous y
joindrez un objet de piété. Je serais
contente si vous donner à Thérèse de
DARASSUS le coffret à ouvrage chinois
qui est sur ma commode et qui vient de ma
tante Edmond.
Ginette m’a demandé il y a longtemps de lui
laisser mon livre de Messe.
Elle pourra prendre le plus mince des deux.
(Verso)
Je serais heureuse que ma petite Yvette ait
mon chapelet de 1ere
Communion.
J’ai donné à Monique mon piano ; vous
y ajouterez ma petite commode
Louis XVI. Dans mes bijoux vous prendrez
quelque chose pour Suzy
et Yvette. Les garçons auront quelque chose
de mon mobilier.
Quand vous aurez pris les livres religieux
qui vous plairont, vous
donnerez le reste à Mme LAVERNE pour le
Tiers Ordre.
Encore une fois, aimez-vous en vrais frères
et sœurs. Je suis sûre
que vous le ferez car je sais que vous
m’aimez.
10 Avril 1935
Votre Maman,
G. JACQMIN
Ci-joint la liste des œuvres auxquelles je
veux que vous donniez
et mes volontés pour Madeleine.
10 Avril 1935
G. JACQMIN
Juillet 42
Puisque Monique entre en religion, ma
petite commode sera pour Yvette.
Je sais que les Trentaines de Messes sont
très augmentées. Vous donnerez
ce qu’il faudra car j’y tiens absolument.
Si vous faites faire une image souvenir de
moi, je désire que vous
y mettiez Tertiaire de St François.
Trouvée
au milieu d’un tas de documents familiaux, je n’ai pas su tout de suite qu’il
s’agissait d’une lettre de mon ancêtre Geneviève.
Mais
plusieurs éléments indiquent que c’est bien elle qui a écrit cette lettre :
· - la
signature bien sûr : « G. JACQMIN », qui correspond à Geneviève
signant de son nom d’épouse.
· - la
date à laquelle la lettre a été écrite : le document a été rédigé pour la
plus grande partie le 10 avril 1935 et un rajout a été fait en juillet 1942. Or
Geneviève est décédée le 25 février 1945.
· - ainsi
que des éléments comme le fait que son mari est décédé le premier : son
époux, Henri JACQMIN, est décédé treize ans auparavant. Mariés en 1886, ils ont
vécu 36 ans ensemble avant qu’Henri décède dans sa 65ème année en
1922.
· - Elle
parle enfin d’un coffret lui venant de « la tante Edmond ». Or son
oncle paternel se nomme Edmond DE JOLY et il était bien marié.
Cependant, certains
éléments posent question :
· - A
qui correspondent « mes fils et mes filles bien aimés » ?
Geneviève
et Henri ont eu quatre fils dont seulement deux vivront jusqu’à l’âge
adulte : Marcel et André, mon AGP. Je suppose donc que Geneviève s’adresse
non seulement à ses fils, mais aussi à ses belles-filles : Geneviève
BOUTET, la femme de Marcel, et Claire LAVERNE, mon arrière-grand-mère.
Arbre
de descendance de Geneviève DE JOLY sur 3 générations
· - Qui
est Thérèse de DARASSUS qu’elle appelle sa fille et qui doit recevoir « le coffret à ouvrage chinois (…) qui
vient de [la] Tante Edmond » ?
Cette lettre est
intéressante car elle montre à quel point la religion est importante pour mon AAGM.
J’imaginais bien que l’Eglise et les bonnes œuvres tenaient une part importante
dans sa vie mais on voit bien que la religion fait partie intégrante de chacune
de ses pensées !
« Le
Bon Dieu a exaucé la prière que je lui avais souvent faite. »
« Je
n’ai donc plus à vous recommander votre cher Père. »
« C’est
un devoir pour nous de faire prier pour les nôtres qui ne sont plus. »
« On
n’a jamais trop de prières. »
Même quand elle dit à
ses enfants qu’elle les aime, la religion est présente ; c’est presque une
preuve d’amour.
« Rappelez-vous
que votre Maman vous a tous aimé de tout son cœur, qu’elle vous a toujours
confiés au Sacré Cœur de Jésus (…) »
Geneviève demande à
ses enfants de faire plusieurs choses pour elle à son décès :
·
Organiser
des messes pour elle et son défunt mari, même si elle s’est déjà organisée pour
que cela soit fait : « Cela ne
vous empêchera pas de nous faire dire des Messes si vous le voulez. On n’a
jamais trop de prières. »
·
Prévenir
les bonnes œuvres auxquelles elle appartenait : « Je vous demande (…) aussitôt après ma mort d’écrire à Monsieur
le Directeur de l’Archiconfrérie de Notre-Dame du Sacré-Cœur (…) pour lui
annoncer mon décès (…) pour qu’un Trentin* Grégorien de Messes soit célébré de
suite pour mon âme. »
·
Organiser
son enterrement à sa convenance : « ni
fleurs, ni couronnes (…). Demandez des prières. Je veux être ensevelie avec mon
chapelet, mon scapulaire** et ma corde du Tiers ordre et sur ma poitrine mon
crucifix du Tiers Ordre. »
·
De
se « partager fraternellement »
ses biens et de « donner un
souvenir à ceux qu’[elle] aime particulièrement », et notamment à Mme
LAVERNE, et Mme BOUTET, les mères de ses belles-filles.
Elle demande aussi qu’on donne
certains objets à ses petits-enfants, notamment « son chapelet de première communion » à sa petite-fille Yvette
(ma grand-tante), son piano et une commode pour Monique (mon autre grand-tante)
et un bijou pour Suzy, en précisant que les garçons auront « quelque chose de [son] mobilier ».
·
Enfin,
elle donne des instructions si ses enfants veulent faire une image en son
souvenir : « je désire que vous
y mettiez Tertiaire de St François », image que les enfants feront et
que je vous avais présentée l’année dernière dans mon article D
comme Décès.
Image
souvenir de Geneviève DE JOLY épouse JACQMIN
Source :
Archives familiales
Je suis très heureuse
d’avoir trouvé cette lettre car elle me permet d’en savoir plus sur la
personnalité de mon aïeule, alors que généralement les documents que nous
rencontrons nous indiquent plutôt des faits.
Retrouvez la généalogie de Geneviève
de JOLY sur mon arbre en ligne sur Geneanet en cliquant ICI.
FIN.
* Un trentain est constitué par trente messes
qui doivent être célébrées trente jours de suite.
** Le
scapulaire de dévotion se compose généralement de deux petits morceaux
(généralement rectangulaires) de tissu, de bois ou de papier plastifié, de
quelques centimètres de taille, qui peuvent porter des images ou des textes
religieux. Ils sont rejoints par deux bandes de tissu et le porteur place un
carré sur la poitrine, pose les liens de tissu sur chaque épaule et laisse le
deuxième carré de tissu pendre dans son dos. Source : Wikipedia
Très intéressant. Un de ses souhaits est encore partiellement réalisé, puisque toi tu ne l'oublies pas et tu la mets à l'honneur. Je me demande souvent quand je lis ce genre de lettre s'il y a encore beaucoup de personnes en France pour qui la religion catholique passe avant tout. En tout cas, ca fait plaisir de te lire un peu à nouveau
RépondreSupprimerMerci Brigitte. Et moi, je suis contente d'écrire un peu à nouveau :)
SupprimerMerci pour le partage : )
RépondreSupprimerJ'espère qu' il te reste encore des trésors dans les fonds de tiroirs.
Bisous soeurette
Mo
C'est un des plaisir de la généalogie... il y a toujours quelque chose à trouver ! Biz
SupprimerQuel chance d'avoir ce genre de document! Personnellement, je n'ai rien de ce genre...
RépondreSupprimerEt merci pour le commentaire d'encouragement sur mon blog.
Je t'en prie ! Et puis tu sais, tu recevras peut-être plus tard des documents familiaux ! En tout cas, je te le souhaite !
SupprimerC'est émouvant de lire cette lettre. Quelle généreuse grand-mère qui a eu la bonne idée d'écrire ses dernières volontés. Au-dela des legs cela permet de mieux la connaitre. C'est un beau cadeau pour ses descendants généalogistes.
RépondreSupprimerOui Marie, je trouve aussi que c'est un beau cadeau que de pouvoir effleurer sa personnalité à travers cette lettre !
SupprimerBonjour,
RépondreSupprimerJe complète votre puzzle : Saint-Aubin de Pouancé est une partie de la commune de Pouancé et Saint-Erblon, un village mayennais voisin de Pouancé et de Congrier.
Merci pour votre travail
MN
Le vingt cinq janvier mil sept cent soixante trois après les publications des
bans faites canoniquement en cette église et en
celles de Chaze Henry, et de Saint Aubin de POUANCE sans opposition ni
empêchement venu à notre connaissance ont été épousés par nous vicaire sous
signé Michel Ferron âgé de vingt un ans fils de défunt Michel Ferron et de
Jeanne Potier (ou Patrie ?) consentante de cette paroisse d'une part. Et Mathurine Duchesne
âgée de vingt ans fille de défunt Mathias Duchesne et de Mathurine
Gautier présente et consentante de la paroisse de Chazé Henry d'autre part.
En présence de Louis et Jacques Ferron de la paroisse de Bouchamps oncles
de l'époux, de François Gautier oncle de l'épouse de cette paroisse, de Jean
Gautier son curateur de la paroisse de Saint Aubin de POUANCE
(page suivante) de Jacques Gantes beau frère de l'épouse de la paroisse de Saint ERBLON