jeudi 19 septembre 2013

#Geneathème Organisation : visiter le village de ses ancêtres, Quimperlé (29)



Aujourd’hui, c’est 2 généathèmes en 1 ! Je vous propose en effet mon organisation, thème du mois de septembre proposé par Sophie Boudarel, pour découvrir un autre villages de mes ancêtres : Quimperlé.


Source : Arbre de parenté - Heridis



Première étape : pourquoi ce village ?


Comme vous avez pu le lire dans un précédent billet, mes grands-parents paternels étaient apparentés ; ils étaient en effet cousins au 8e degré (voir ci-contre).

Le couple dont ils sont issus tous les deux : Abraham YVONNO et Émilie CHAUVEL sont nés et ont vécu dans le même village : Quimperlé (29).






Seconde étape : trouver l’occasion !

J’ai donc profité de mes vacances estivales à Concarneau (29) et d’une journée particulièrement ensoleillée pour aller découvrir ce village qui est à peine à 30 minutes de la maison familiale.



Troisième étape : Renseignements sur la ville

Afin de présenter et situer la commune, je prends mes renseignements sur le site officiel de la commune (www.quimperle.com), sur celui de son office de tourisme (www.quimperle-tourisme.com), sur wikipedia, et sur GoogleMaps.

Quimperlé est  une commune française située dans le sud-est du Finistère (29), à 20 km au nord-ouest de Lorient et à 44 km à l'est de Quimper. D'un point de vue historique, la ville appartient à la Cornouaille (ancienne division politique et religieuse de la Bretagne disparue à la Révolution).






Le nom Quimperlé vient de kemper, « confluent » en breton, et de Ellé une des rivières qui traversent la ville. La ville se situe en effet au point de confluence de l'Ellé et de l'Isole. Celles-ci se rejoignent pour donner naissance à la Laïta, une ria longue d'une quinzaine de km soumise à la marée, qui fut navigable et permit à Quimperlé d'être un port de mer.

Quimperlé
Source : photo personnelle 2013


Armoiries et blason de Quimperlé



D'argent semé de mouchetures d'hermine de sable, au coq de gueules, membré et crêté d'or.









On distingue traditionnellement la « ville haute » et la « ville basse ».
La « Basse Ville » (centre aristocratique et religieux) s'est développée autour de l'église Saint-Colomban dont il ne subsiste plus qu'une façade et de l'abbaye bénédictine Sainte-Croix de Quimperlé tandis que la « Haute ville » s'est développée autour de l'église Saint-Michel et de sa place (centre d'origine commerçant).





Quatrième étape : Recherches préalables avant le déplacement

Découvrir le village de ses ancêtres est toujours émouvant, et l’on essaye de trouver certains lieux qu’ils ont pu fréquenter. Mais un village dans les années 1800 peut devenir une ville beaucoup plus importante ! Ainsi Quimperlé qui connaissait 5 617 âmes en 1800 est aujourd’hui une ville de plus de 11 700 habitants (source : INSEE 2010).

Alors pour essayer de retrouver les traces de ses ancêtres sur place et donner un sens à ces recherches, mieux vaut étudier les registres disponibles sur le site internet des archives départementales (http://www.archives-finistere.fr ) et trouver en amont les adresses exactes des sites à visiter.

Naissances – Mariages – Décès – Recensement… Il faut étudier les actes concernant le couple et sa descendance afin de reconstituer les évènements qui ont marqués la vie de nos ancêtres.

Je me suis donc intéressée à Abraham et Émilie, mes ancêtres à la 7e génération.

Étienne « Abraham » YVON est né le 18 janvier 1797 à Quimperlé. Il a la particularité d’avoir un frère jumeau, Amant Fidel Constant.

Naissance d'Abraham et Amant YVON
18/01/1797
Source : AD 29 - 1 MI EC 289/1
L'an cinq de la République une et indivisible, le vingt neuf nivôse
avant midi, devant nous Maire Capitaine agent municipal Chargé
des registres de l'Etat civil en la commune de Quimperlé département
du Finistère, s'est présenté François YVON âgé de trente sept ans, assisté
d'Etienne Marie LEBRETON âgé de quarante neuf ans, et de Jacques BINET
âgé de quarante trois ans, tous de cette commune déclare que ce jour à
quatre heures du matin Marie Charlotte CRACH sa femme est accouchée
En sa demeure de deux garçons , à qui on a donné les prénoms d’Étienne
Abraham, et le second Amand Fidel Constant, tous deux jumeaux, d'après
laquelle déclaration que les témoins nous ont certifié véritable Et la
représentation qui nous a été faite des deux enfants, nous avons rédigé...
 


Leur père François YVON, qu’on appelle aussi YVONNO, est né en 1760 au Faouët dans le Morbihan (56) à seulement 22 km de Quimperlé.  Il a rencontré Charlotte CRACH, qui a huit ans de moins que lui et qui est originaire de Quimperlé. C’est dans son village à elle qu’ils se sont établis. Lui en tant que menuisier et elle cabaretière.

Mais en 1804, Charlotte décède alors que les jumeaux n’ont que 7 ans. Deux ans plus tard, c’est leur père, François qui disparait.
Qui s’est alors occupé des enfants ? un oncle et une tante ? L’État ?
Certaines questions restent encore sans réponse.

Abraham reparait dans les registres en novembre  1820 lorsqu’il se marie avec « Émilie » Julie Corentine Catherine CHAUVEL. Il est alors sabotier et habite Quimperlé.

Elle, c’est une jeune fille de 20 ans qui est donc encore mineure. Elle est née en 1800 à Quimperlé.
Son père, originaire de Tonquédec dans les Cotes d’Armor (22) était sabotier, tout comme l’homme qu’elle va épouser ; il est mort alors qu’elle n’avait que 16 ans et c’est sa mère, Marie Julienne COLIN, native de Quimperlé et elle aussi cabaretière (les similitudes vont quand même loin !) qui fait vivre la famille. Outre Émilie qui est née en 1800, il y a Jean né en 1802, Michel né en 1805, Julienne en 1810, René en 1813 et Joseph en 1815.

Ils se marient donc le 25 novembre 1820 à Quimperlé.


 

Mariage d'Abraham YVON et Émilie CHAUVEL - 25/11/1820
Source : AD 29 - 1 MI EC 289/11

Ils auront de nombreux enfants : Émilie en octobre 1821, l’arrière-grand-mère de mon grand-père paternel ; Jean-Marie en décembre 1822, l’AGP de ma grand-mère paternel, Yves en février 1824, Marie-Renée en février 1826, Marie-Françoise en février 1827, Pierre Abraham en avril 1829, François Abraham en aout 1831, Cécile en juin 1834 et Julien en janvier 1836.
Malheureusement, plusieurs décèderont à un jeune âge : Marie Françoise en 1827 à l’âge de 10 jours, Yves en mai 1834, 3 mois après avoir fêté ses 10 ans, et Cécile en mars 1836 à presque 2 ans.
C’est donc au total 6 enfants sur 9 qui atteindront l’âge adulte.

Tous ces actes nous permettent d’apprendre de nombreux éléments sur cette famille.


L’évolution du nom de famille

On peut remarquer que déjà en 1797, il y a une ambiguïté sur le nom de famille. En effet, sur l’acte de naissance d’Abraham et son frère jumeau Amant, c’est le nom YVON qui est noté pour le père et les enfants mais à chaque fois, la fin du nom a été barrée.




 

Extraits de l'acte de naissance de Abraham et Amant YVON -
18/01/1797 - Source : AD 29 - 1 MI EC 289/1




En 1820, c’est sous le nom d’ YVON qu’Abraham épouse Emilie,

 



Extrait de l'acte de mariage d'Abraham YVON et Émilie CHAUVEL - 25/11/1820
Source : AD 29 - 1 MI EC 289/11







mais il est noté qu’Abraham YVON est"Fils majeur de François YVON Dit YVONNO".



En 1821, lorsqu’il déclare la naissance de sa fille Émilie, c’est au nom de YVONO (avec 1 seul N) qu’il l’enregistre et qu’il se fait nommer.

Mais à partir de 1822, ce sera sous le nom de YVONNO (avec deux N) qu’il déclarera son nom et ses enfants.





L’évolution de l’éducation

A travers les actes d’État civil, on remarque qu’Abraham ne sait pas signer au début de son mariage.
En effet, en 1820, lorsqu’il épouse Émilie CHAUVEL, il est noté « le contractant ayant déclaré ne savoir signer ». Par contre, sa jeune épouse signe, même si l’orthographe du nom de famille n’est pas fidèle à son nom officiel.

Signature d’Émilie CHAUVEL sur son acte
de mariage - 25/11/1820Source : AD 29 - 1 MI EC 289/11

Ce n’est qu’à partir de 1829, à la naissance de son fils Pierre Abraham qu’on voit apparaitre la signature d’Abraham ; d’abord d’une écriture maladroite en 1829


Signature d'Abraham YVON DIT YVONNO - 1829Source : AD 29
Et puis d’une écriture plus affirmée à partir de 1831

Signature d'Abraham YVON DIT YVONNO - 1831Source : AD 29





Les différents domiciles

Au fil des actes, on remarque que la famille YVONNO a changé de domicile de nombreuses fois.
En 1820, lorsqu’ils se marient à Quimperlé, nous n’avons pas d’indication sur le lieu exact d’habitation des époux ; on sait seulement qu’ils sont « domiciliés en cette commune ».
Ils habiteront à Quimperlé pendant presque 20 ans, passant entre autres de la Rue des Chambriers à la Grand Rue, puis à la rue Saint Sébastien avant de déménager à Quimper (29) ou ils déclareront la naissance de leur dernière fille en 1840.
Dix ans plus tard, en 1850, ils seront domiciliés à Lambézellec à la périphérie de Brest (29).
C’est dans cette commune qu’Émilie décèdera le 20 septembre 1855.
Son mari Abraham retournera à Quimper chez sa fille Émilie et son gendre Prosper CHAVET où il décèdera le 21 octobre 1858 à l’âge de 61 ans.





Quatrième étape : Découverte de la ville

Après toutes ces recherches, j’ai donc décidé d’aller explorer le village de mes ancêtres.
Comme la mairie est un passage obligé pour tout voyage généalogique, je me renseigne sur les jours et les horaires d’ouverture de la mairie (cela évite souvent de grandes déconvenues !).
Me voici donc parée avec ma tablette contenant mes recherches, mon cahier et mon crayon et bien sûr un appareil photo !

Je vous passe ma visite à la mairie qui ne m’a pas apportée grand-chose étant donné que le couple qui m’intéresse vivait à une date antérieure aux documents qu’elle garde sur place (il faut prendre RDV aux archives municipales pour les actes antérieurs à 1909).

Je me suis promenée sous le soleil du mois d’août dans la basse ville où on peut remarquer de nombreux vestiges du passé et notamment



L'Abbaye Sainte-Croix
Source : Photo personnelle 2013



Une des plus puissantes abbayes de Bretagne, elle fût fondée vers 1029-1050. L'église, d'inspiration poitevine, est un chef d’œuvre de l'art roman. Elle est remarquable par son plan circulaire inspiré du Saint-Sépulcre de Jérusalem, par sa crypte, son chevet, son chœur des moines et ses chapiteaux. L'édifice abrite un mobilier très riche, une des plus anciennes Mise au Tombeau de Bretagne, un retable Renaissance, des statues remarquables, un Trésor. L'écroulement en 1862 du clocher du XVIIe s a détruit la moitié de l'église ; son classement comme monument historique dès 1840, a favorisé sa reconstruction à l'identique de 1864 à 1868. En raison de l'occupation des bâtiments du couvent par la gendarmerie, la visite du cloître (fin XVIIe s) est réglementée.*












On y trouve une magnifique
Mise au tombeau












ainsi qu'un superbe retable











Les Halles

Source : Photo personnelle 2013

Ces halles construites en 1887 sont un bel exemple de l'architecture industrielle de la fin du XIXe s, ossature de fer forgé, pignons en briques ornementées, aération, auvents protecteurs pour les marchands extérieurs, derniers perfectionnements techniques. Réclamées depuis le début du siècle, elles ont été construites à l'emplacement d'un îlot de maisons médiévales, par Alexis Savary, le maire qui fît entrer Quimperlé dans la modernité : écoles, hôpital, abattoir, eau courante... L'état de l'ossature en fer a conduit à une réhabilitation complète du bâtiment en 2002, opération qui a valu à la ville le ruban du Patrimoine.*




L'ancien quartier aristocratique

Jusqu'à la Révolution, la rue Brémond d'Ars est le quartier aristocratique ; une vie mondaine anime les différents hôtels particuliers des XVIe-XVIIIe s dont on peut admirer encore les belles façades. La rue abrite alors le centre du pouvoir : 
- religieux et politique à travers la puissante abbaye de Sainte-Croix, seigneur de la ville
- judiciaire, on accédait au bâtiment de la sénéchaussée par l'escalier du "Présidial", près de la prison,
- civil, la communauté de la ville y siégeait,
- en partie économique grâce aux halles.
Dès le XIIIe s, ce cœur stratégique de la Basse-Ville est protégé par la construction de murailles le long des rivières et par le creusement d'un fossé entre l'Elé et l'Isole, faisant d'elle une île.*

Façade de l’église Sainte Colomban - Rue Brémond d'Ars
Source : photo personnelle 2013

Maisons Rue Brémond d'Ars
Source : photo personnelle 2013

Ancienne prison
Source : photo personnelle 2013



L'Abbaye Blanche




Ancien couvent des dominicains, l'Abbaye fondée par le duc Jean 1er Le Roux au XIIIe s porte désormais le nom de son épouse Blanche de Navarre.
On y trouve aujourd'hui le quartier du Bourgneuf.







C’est assez émouvant de se promener en se disant que ses ancêtres ont aussi connu ces bâtiments et que l’on marche dans leurs pas…


Mais l’émotion est la plus vive lorsque l’on se retrouve dans les rues où ils ont habités.
Beaucoup de noms de rues ont changé depuis les années 1800 et je n’ai pas encore eu l’occasion de chercher la correspondance avec celles d’aujourd’hui.

J’ai quand même pu trouver (par le plus grand des hasard !) la rue Saint Sébastien où Abraham, Émilie et leurs enfants ont vécu dans les années 1836.
Il s’agit de la Rue Dom Morice dans laquelle se trouve la Maison des Archers.





Gravure du Quimperlois
Adolphe Beaufrère (1876-1960)
Source : Panonceau historique de Quimperlé





La Rue Dom Morice et la Maison des Archers
La rue dédiée au dominicain né à Quimperlé et auteur d'une Histoire monumentale de Bretagne, s'appelait autrefois Rue Saint Sébastien du nom d'une chapelle proche. Dans cette rue pittoresque, on peut admirer plusieurs maisons en pans de bois : au n°9, la plus ancienne maison de la ville datée de 1500 environ, correspond à une échoppe tout en profondeur ; au n°8, la maison dite des Archers, une belle maison bourgeoise sur cinq niveaux, avec façade sur rue et décoration "en brins de fougères" daterait du milieu du XVIe s ; la Ville y propose expositions et spectacles ; au n°4 la maison la plus récente, du XVIIe s, comme le prouvent l'absence d'encorbellement et un décor "exotique", évocateur des nouvelles explorations.*











Rue Dom Morice, anciennement Rue Saint Sébastien
Source : photo personnelle 2013




Enfin, on ne peut faire un voyage généalogique sans passer par le cimetière…

Celui de Quimperlé est comme beaucoup d’autres sur les hauteurs de la ville. Il date au moins du 16e siècle, époque de la construction de la chapelle Saint-David qui s'élève en son centre.

Les registres ne remontent pas jusqu’au couple YVONNO / CHAUVEL mais j’y ai trouvé 4 tombes au nom de CHAUVEL, qui fera, j’en suis sûre, un très bon sujet pour un prochain article !

FIN.

*Source : Panonceaux historiques de la ville de Quimperlé